C’est un beau roman, c’est une belle histoire… et pour cause : c’est l’Enéide revisitée par une talentueuse écrivaine espagnole, essayiste à succès.

Virgile n’aurait certainement pas renié cette nouvelle version de l’épopée d’Énée, tant l’auteur a respecté la poésie, la musique, la puissance narrative et émotionnelle des six premiers chants de l’Enéide.

Pour les retardataires, rappelons à grands traits les aventures d’Énée :

Fils du mortel Anchise et de la déesse Aphrodite, Énée fuit Troie détruite par les Grecs. Avec son vieux père, son jeune fils Iule et quelques compagnons, il prend la mer mais fait naufrage en terre inconnue sur la côte nord-africaine. D’abord hostile, Elissa, princesse phénicienne et reine de Carthage recueille les naufragés. Énée l’aide à contenir les nomades rebelles. Elissa tombe amoureuse d’Énée mais celui-ci, rattrapé par son devoir vis à vis des dieux et malgré son amour pour la reine, reprend le large. Elissa se trucide de chagrin tandis qu’Énée vogue vers son destin, en l’occurrence le Latium où non sans mal, il fondera Rome.

Ce ‘pitch’ rappelé, il n’y a plus qu’à se laisser bercer par ce récit mythique remis au goût du jour et agréablement romancé en multiples narrations, (polyphoniques diraient les puristes), où les personnages racontent des mêmes faits à leur tour. Viennent s’ajouter Éros friand de stratagèmes amoureux et Virgile tourmenté par sa mission d’avoir à chanter les louanges de l’empereur Octave Auguste, fils adoptif de Jules César.

Passions amoureuses, amours contrariées, bravoure et horreurs de la guerre, liberté de pensée et devoirs, trahisons et vengeances sont autant de sentiments décrits avec modernité dans ce roman.

Fallait-il néanmoins détruire Carthage ?

CF(H) Alain M. BRIERE
21/09/2025

Carthage
Irene Vallejo
Albin Michel