Le Capitaine égaré

Pour un premier roman, c’est un coup de maître qu’a réalisé, avec cet ouvrage, Vincent Guéquière, officier de marine et sous-marinier. Un roman puisqu’il prête des propos par lui imaginés et des actions plausibles à ses personnages. Principalement à son héros, le capitaine malouin Pierre Landais, lequel a réellement existé. Les faits sont basés sur des épisodes historiques englobant les opérations navales de la guerre d’indépendance américaine. Mais un roman peut-être plus réaliste qu’on pourrait le croire dans le rendu des caractères des protagonistes. Les atermoiements et les inimitiés personnelles des ministres français comme des membres du jeune Congrès américain envoyés auprès du roi de France dont, par ailleurs, l’engagement auprès des Insurgents creusera la dette du royaume qui lui coûtera non seulement le pouvoir mais la vie quelques années plus tard.

Vincent Guéquière a entrepris des recherches longues et inédites dans les archives militaires et parlementaires des deux côtés de l’Atlantique pour faire revivre un personnage oublié de l’Histoire, Pierre Landais, ancien officier de marine marchande et de marine de guerre. Son héros, marin sorti du rang depuis son plus jeune âge, ayant fait entre autres le tour du monde sous les ordres de Bougainville, présentait des qualités de navigation indéniables mais était gouverné par la rancœur due, il en était convaincu, à sa non appartenance au Grand Corps aristocratique qui le bloquait tant dans son avancement que dans les récompenses qu’il méritait. Ce furent les raisons de ses offres de service à la jeune Marine continentale acceptées par le Congrès qui lui confia une frégate magnifique, récemment sortie des chantiers de Boston, au grand dépit de son concurrent, demeuré, lui, dans l’Histoire, John Paul Jones, né John Paul, en Ecosse et passé, lui aussi, aux Insurgents, aussi ambitieux que Landais et peut-être plus susceptible de controverse mais, certainement plus diplomate avec ses propres soutiens au Congrès.

Tous deux poursuivront une carrière maritime ultérieure, Landais, au service de la République française, à partir de 1792, qui le propulsera au grade de contre-amiral ; John Paul Jones, au service de Catherine II de Russie qui en fera également un contre-amiral. De façon surprenante, retourné en Amérique, Pierre Landais mourra misérablement à New York où il recherchait, auprès du Congrès les revenus qu’il lui estimait dus pour ses anciennes prises et fut enterré au cimetière de la cathédrale catholique Saint Patrick alors que son adversaire, John Paul Jones, revenu à Paris, décédera et sera inhumé dans le cimetière Saint-Louis, réservé aux protestants dont le site fut détruit lors de la Révolution. Son cercueil sera retrouvé en 1905 sous la supervision de l’ambassadeur des USA de l’époque avant d’être rapatrié aux Etats-Unis où son cercueil a été solennellement déposé dans la crypte de l’Ecole navale d’Annapolis. Par ce roman, Vincent Guéquière donne magistralement vie à des protagonistes oubliés d’événements historique. A lire, sans réserve, en attendant le prochain ouvrage de ce nouvel auteur !

CF(H) Jean-Marie CHOFFEL
02/07/2025

Le Capitaine égaré
Vincent Guéquière
Paulsen

Voir également la recension du LV(H) Dominique RENIE

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